Au moment de choisir la localisation d’un nouveau projet dans Azure, bien des critères peuvent entrer en jeu. Et bien qu’avec l’infrastructure as a code (ex : Terraform), il puisse être facile et rapide de redéployer une infrastructure entière dans une autre localisation, autant ne pas trop se tromper dès le départ et faire des choix pérennes.
Quand un choix est permis, ce sont les critères tels que la localisation des données (ou plus exactement la résidence des données), la disponibilité des services Azure que l’on souhaite utiliser bien sûr, les possibilités en matière de résilience et enfin celui du prix qui reviennent sans faute.
Si nous allons nous concentrer dans cet article sur l’aspect tarifaire, nous souhaitons vous rappeler l’importance de bien veiller à la disponibilité des services Azure auxquels vous souhaitez recourir, et cela non seulement dans la région visée mais aussi dans la « zone géographique » à laquelle elle appartient. En effet, autant vous assurer que ce service est aussi disponible dans la région « jumelle » (ou presque !) de votre région principale dans l’éventualité où vous souhaiteriez établir des solutions multi-régions au sein de votre zone géographique.
Pour cela Azure vous permet de consulter les services disponibles par zone géographique et par région à l’adresse suivante : https://azure.microsoft.com/fr-fr/global-infrastructure/services/
Pour ce qui est de l’aspect tarifaire, celui-ci ne manquera pas de se matérialiser très concrètement chaque mois dans vos factures. D’autant plus si votre consommation de certains services Azure est susceptible de varier pour répondre à la demande.
Alors prenons un peu de recul et de hauteur pour observer cet aspect dans notre bonne vieille Europe.
Pour cela prenons un service très standard et très largement utilisé tel que les « machines virtuelles » ou « VM ». En effet que vous ayez recours au IaaS, ou que vos applications soient conteneurisées dans un cluster Azure Kubernetes Service (AKS), ou encore que vous utilisiez certains services PaaS qui ne sont pas Server-less, vous consommez des Serveurs virtuels et vous êtes facturé pour l’utilisation de ces ressources.
Dans le diagramme qui suit nous avons pris tous les modèles de VM disponibles sur les zones géographiques Azure Europe et France, à l’exception des versions « Low priority » ou expirées, et sans système d’exploitation afin d’établir une comparaison aussi basique, complète et objective que possible. Les données ont été extraites au travers de l’API Azure en date du 9/01/2021 et sont mises en perspectives pour chaque région au modèle près de la VM.
Ce sont ici 326 références couvrant toutes les catégories qui sont comparées dans les 4 régions, et de ce fait un échantillon très large qui ne facilite pas la représentation et la lecture des données. Cependant il apparaît clairement sur ce graphique que la région « Nord Europe » s’établit souvent comme la solution la moins chère (valeur étalon à 100%) sur l’éventail le plus large des modèles. A partir du seuil à 100%, vous pouvez vous rendre compte des écarts de prix dans les autres régions à modèle égal.
Le diagramme suivant propose un focus sur les séries D à F qui représentent les plus communément utilisées.
Si vous avez besoin de vous familiariser avec la nomenclature des modèles de VM Azure, je vous invite à consulter la page suivante : https://docs.microsoft.com/fr-fr/azure/virtual-machines/vm-naming-conventions.
Bref vous l’avez compris si l’on compare les régions Azure dans les zones Europe et France, force est de constater que les prix des VM sont en moyenne supérieurs d’environ 8 % en France Centre par rapport à la région la moins chère et avec des écarts qui peuvent s’établir bien au-delà en fonction de certains modèles ou dès lors que l’on vise la région France Sud. Cette moyenne reste établie autour de 7 % même si l’on recentre l’étude sur les seules séries D, E, et F des machines virtuelles. Le même ordre d’écart se retrouve sur d’autres types de services Azure dès lors que l’on ne parle pas de services globaux mais bien de services disponibles à l’échelle d’une région Azure.
Mais c’est bien si l’on raisonne en terme de zone géographique que l’écart est d’autant plus criant, car la région France Sud à elle seule déclasse la zone France comparativement à la zone Europe.
Par ailleurs, il faut ajouter le fait que France Sud ne dispose pas davantage de 3 zones de disponibilité, contrairement à France Centre et aux deux régions Europe Nord et Europe West qui composent la zone « Europe ».
Enfin vous remarquerez qu’il y a des trous assez nets dans le catalogue des modèles de VM disponibles dans les Régions France Centre et encore davantage dans la région France Sud en comparaison de ceux disponibles dans la zone Europe.
Il convient cependant de rappeler que la zone Azure « Europe » qui s’établit à cheval sur Dublin (Nord Europe) et Amsterdam (Europe de l’Ouest) a largement précédé la zone France de presque 10 ans. Si la comparaison de la zone France s’arrête à celle de la zone Europe (Nord Europe et Europe de l’Ouest) dans cet article, c’est tout simplement par ce que la zone Europe se distingue des autres régions proches de la France avec une couverture très complète du catalogue des services Azure, et avec ses 2 régions disposant chacune de 3 zones de disponibilité.
Dans ces conditions, il peut être encore difficile à ce stade de privilégier la zone France dans de nouveaux projets Azure.
Nous voilà donc tiraillés entre une forme de patriotisme économique relatif et les impératifs budgétaires de nos projets, voire même certaines contraintes techniques.
Je laisse chacun confronté à ses choix, ses options et sa marge de manœuvre. Souhaitons tout de même que l’hébergement Cloud ne soit pas réservé en masse aux pays d’Europe du nord jouissant peut-être d’une fiscalité plus avantageuse et en tous cas de prix plus compétitifs. Pour l’heure beaucoup de nouvelles Zones Azure sont prévues d’être déployées dans les pays d’Europe (Europe au sens communautaire cette fois). Sans doute faudra-t-il que ces nouvelles régions Azure offrent des prix et des options compétitifs pour rivaliser avec la zone Europe. Mais souhaitons encore davantage que la zone France puisse gagner très vite en compétitivité à la fois sur le plan des offres disponibles et sur les prix.